Donner de la valeur au temps pour entreprendre plus librement

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Donner de la valeur au temps pour entreprendre plus librement

Pierre qui roule n’amasse pas mousse. Le proverbe serait-il encore sage, à observer le paysage de la finance qui semple lui avoir ôté actualité et acuité.

La durée de détention des titres des grandes sociétés est de quelques secondes si on prend en compte l’activité de trading. Adieu l’affectio societatis qui fut longtemps le fondement de l’investissement au capital des entreprises.

Parmi les ainés, qui ne se rappelle pas de ces grandes valeurs conservées, non seulement parce qu’elles sécurisaient mais aussi pour exprimer un attachement aux desseins industriels, financiers ou commerciaux qu’elles développaient.

L’anonymat du capital est une des raisons de la financiarisation de l’économie. J’ai, je prends, je vends. Ces verbes traduisent le mouvement hanté par la recherche du gain dans le délai le plus court possible, accélérant la volatilité des cours.

L’actionnaire d’un moment l’est-il vraiment pour être moins intéressé par l’entreprise prise, dans sa dimension sociale, économique, que pour privilégier le graphique des cours dont les pics sont aggravés par les algorithmes imposant leur rythme avec parfois ces excès qui enfièvrent les marchés.

Ces gains faciles pour les plus initiés ne fertilisent pas les grands projets économiques qui, pour appeler d’importants investissements, ne trouvent de rentabilité qu’avec le temps qui amortit bien les brutalités, à commencer par l’impétuosité du tout, tout de suite qui a cours dans bien des transactions d’aller et de retour.

Le court termisme est pour le moins un handicap à la recherche des financements des grands programmes qui, seuls sont fer de lance du futur. Ne nous étonnons pas ensuite que l’industrialisation en souffre, l’affectio societatis s’effaçant derrière l’intuitu pecuniae qui n’est pas sans aviver l’avidité.

Margaret Thatcher dans sa fameuse formule disait qu’entre l’individu et le marché, il n’y a rien. Le constat est terrible pour enlever à l’entreprise un rôle social, réconciliant l’économie avec le bien commun. D’aucuns pensent que l’entreprise est seulement là pour être profitable. Certes, mais pour qui, avec qui et pour quoi faire.

Relevons que des esprits éclairés, au sein de l’entreprise traditionnelle, favorisent l’entrepreneuriat, pierre d’angle d’une conception plus humanisée de l’acte d’entreprendre.

Ce pouvoir d’agir différemment trouve une pleine pertinence avec l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) introduisant une trace de gratuité aux fins de donner une place à ceux qui ne la trouveraient pas autrement ou plus difficilement. Observons que, dans cette économie, les titres sont conservés de longues années, traduisant la confiance de ceux qui investissent en offrant du temps au temps pour bâtir des fondations solides, créatrices d’avenir.

Aussi, serait-il judicieux que le Gouvernement accompagne l’ESS par une fiscalité traduisant une reconnaissance d’une solidarité inventive.

Gérer, c’est prévoir. l’ESS y participe avec des résultats fort honorables, justifiant la fiscalité pour être signe de trois engagements :
- de la Nation accompagnant cette nouvelle solidarité, via des entreprises inventives , attentives aux situations de fragilité ;
- des personnes physiques et morales offrant au dividende une part contributive au bien commun ;
- des entrepreneurs déterminés à relever le défi du chômage massif, l’insuffisance de logements, ou encore à maîtriser les coûts, notamment dans la silver économie, pour accroître le reste pour vivre des personnes touchées par la vulnérabilité.

Entreprendre ainsi c’est contribuer à la cohésion de la Société. Elle est commencée, il faut la poursuivre en concertation avec l’économie, vecteur d’une nouvelle chance pour atteindre cet objectif, une éthique de la réconciliation.

Bernard Devert,

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